Anaho |
Août 2013, Nuku-Hiva.
Totalement
séduit par cette merveilleuse île de Nuku-Hiva, nous repoussons notre départ
pour les Tuamotu. Il nous reste à découvrir encore quelques mouillages,
notamment à l’ouest de l’île.
pétanque à Anaho |
Mais je me suis (re !) cognée mon pouce
et doute qu’il soit cassé…donc départ pour Taiohae ou je vais tenter de passer
une radio à l’hôpital. Au tél. une charmante dame me dit :
« paniproblème » ou plutôt : « Mave Mai » l’hôpital
est « ouvert », je peux me rendre sans rdv aux urgences.
Cependant, quand
j’arrive à 15.15 h, tout est fermé !?! Je croise le jardinier qui me
dit : il est tard ( !?!) revenez demain ! Le lendemain,
vendredi, tout est toujours fermé car aujourd’hui, c’est le 15 août !
Idem durant le week-end…
retour à Taiohae |
Entre temps,
nous rencontrons Mau, tatoueur et instituteur…Tor à qui j’avais proposé (pour
rire !) de lui offrir un tatou pour son anniversaire est tout à coup très
intéressé. Nous passons la journée chez Mau, il nous explique l’histoire et la
symbolique du tatouage Polynésien; moyen que les
hommes utilisent pour raconter leur parcours de vie.
Longue discussion
avant que Tor choisisse ses symboles
puis Mau passe à l’action:
1ère étape : dessiner le tout au feutre
1ère étape, encore le sourire... |
…Je parviens
enfin le lundi matin à passer une radiographie, mais pas à la payer car le
secrétaire est absent…(il est 10h du mat, jour ouvrable).
Je reviens le
lendemain, mais le secrétaire s’est absenté afin d’emmener sa fille à
l’école…hum, je vais l’attendre alors… mais on me signale que ce n’est pas sûr
qu’il revienne aujourd’hui ! Je commence à en avoir raz le bol de ces
allez retour qui me bouffent chaque fois une demi journée ! Le jour
suivant, même scénario !!! J’insiste : il doit bien y avoir une 2ème
personne capable d’encaisser une facture dans cet hôpital ?!? car nous
quittons l’île demain à l’aube ! Du coup, deux charmantes réceptionnistes
remuent ciel et terre afin que je puisse honorer ma facture mais sans succès !
Elles rigolent devant ma mine dépitée me disant que je ne suis ni la 1ère
ni la dernière à qui ça arrive…mais l’idée de devoir partir sans payer
m’incommode fortement même si ce n’est pas faute d’avoir essayé !
Marquisiennes jouant au loto |
Avant de
clore ce « chapitre » sur les Marquises, voici quelques anecdotes
assez croustillantes et pour certaines, toujours actuelles ( !) lues dans
un vieux bouquin (1877 !) suivies du récit de notre dernière escapade à
Nuku-Hiva.
Extrait du livre :
L’archipel des Iles Marquises, publié en 1877.
M. P.-E. Eyriaud des Vergnes,
Lieutenant de Vaisseau qui séjourna de 1868 à 1874 aux Marquises et adressa à
M. le ministre de la marine un rapport très-étendu.
…Si l’on veut avoir un historique de ces contrées d’après
les Kanaks eux-mêmes, cela devient presque impossible. Les quelques traditions
qu’ils ont conservées ne se rapportent pas à des époques bien déterminées et se
présentent sous la forme de légendes dont quelques-unes rappellent la Bible,
sans qu’il soit possible de savoir de qui leur sont venues ces croyances. Ils
ont conservé les souvenirs confus de
cataclysmes effroyables qui ont bouleversé leur pays. Mais tous ces faits sont
toujours présentés sous un aspect fantastique qui rappelle les contes de fées
et où leurs dieux jouent le plus grand rôle…
Baie d'Anaho |
… D’un seul mot,
le mot « tapu » les chefs pouvaient interdire complètement à tous
leurs sujets, pour un temps illimité, l’usage de telle nourriture ou telle
boisson qu’il leur plaisait de défendre, sans que l’on songeât à élever la
moindre réclamation ni surtout violer le
Tapu.
Tapu : (taboo) est
encore utilisé de nos jours pour signaler des interdictions.
Montagne vivante...?! |
…La famille chez
les Marquisiens n’est en aucune façon telle qu’on la conçoit dans tous les
autres pays …un père, une mère, ne sont ni le père ni la mère de l’enfant qui
naît de leur union, c’est une troisième personne étrangère le plus souvent, qui usurpe ces
titres et qui constitue à elle seule la famille du nouveau-né. Lorsqu’une femme
est enceinte, c’est à qui de ses voisins et voisines viendra retenir
l’enfant…c’est souvent le plus riche ou le plus influent des solliciteurs qui
l’emporte…il est de règle que l’adoptant fasse un cadeau en nature à la famille
de l’adopté ; ces cadeaux consistent en étoffes, outils, etc.., mais
toujours aussi en un ou plusieurs cochons…
L’enfant naît il
reste encore quelques mois avec sa mère, quatre ou cinq mois environ, au bout
de ce temps on commence à le sevrer, on lui fait déjà manger de la popoi*,
sucer du poisson cru, etc …puis on le remet à sa nouvelle famille qui parfois,
habite un autre district, même une autre île.
Cette remise de
l’enfant est une vraie cérémonie : l’adoptant vient en grande pompe le
chercher chez sa mère, en apportant tous les présents destinés à en payer la
valeur. La mère se désole un peu, tous les habitants de la case versent
quelques larmes, mais l’enfant emmené, le chagrin se dissipe vite à la vue des
cadeaux et surtout d’un cochon tout cuit que l’on mange en souvenir de
l’abandonné. (!!! haha )
· Popoi ou Mei : sorte de purée faite avec le
fruit de l’arbre à pain.
Jeune Marquisien de 11 mois |
L’adoption
est encore très souvent pratiquée aux Marquises, ce qui certainement, réduit
les problèmes de consanguinité vu le faible indice de population.
De 75 à 80'000
habitants lors du premier débarquement
des Espagnols en 1595, la population chuta à 12'000 individus en
1855, 2’080 en 1926 (!?) pour se
stabiliser aujourd’hui à 8'200 personnes.
…Peut-être si les
Marquises étaient connues de public émigrants, si l’on connaissait les
avantages que le pays offre à ceux qui viennent s’y établir, la distance et la
durée de la traversée effraieraient moins des hommes intelligents et laborieux…
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Nuku-Hiva, 22 août 2013, Kaoa ;-) : Bonjour en Marquisien
Nous sommes depuis 2 jours à « Daniel’s Baie » ou
Hakatea une crique très sauvage au sud de Nuku-Hiva.
Yum-Yum, Daniel's Bay |
Rejoindre la terre ferme en dinghy n’est pas
simple…il faut longer de très près les rochers, zigzaguer où il y a assez de
fond en tachant de surfer en gardant l’embarcation bien dans le sens des vagues
qui déferlent.
Ensuite on s’enfile dans la rivière que l’on remonte jusqu’à une
berge ou l’on peut accoster.
Trois couples assez jeunes vivent dans ce fond de
vallée accessible que par bateau. Ils cultivent : citrons, pamplemousses, papayes,
bananes etc. qu’ils vendent une fois par semaine aux restaurateurs et indigènes
de la capitale : Taiohae.
Sinon ils pêchent, chassent et produisent leur
miel.
Hier matin nous partons en excursion afin de
marcher jusqu’à cette fameuse 3ème plus haute cascade du monde ( ?!?) Mais la
marée est basse… Nos affaires dans un sac étanche, nous ficelons le tout dans
le kayak, nous arrivons (tant bien que mal et bien mouillé) jusqu’à
l’embouchure de la rivière mais le courant est descendant, il n’est plus possible
d’avancer. Nous continuons à pied dans la vase parsemée de coquillages
coupants.
Nous rencontrons Kua et Teiki qui nous proposent de
nous faire un repas à notre retour de balade.
L’excursion tourne en « grande aventure » haha car
il a tellement plut la nuit dernière que les petits cours d’eau à traverser se
sont transformés en rivière où l’en
enfonce jusqu’aux cuisses avec un fort courant.
Je suis super prudente, j’ai un peu la trouille de
me tordre un genou surtout vu notre position géographique ! Je choisi
d’utiliser un tronc d’arbre pour traverser mais je me retrouve bloquée au
milieu de la rivière !haha J’y serai encore si Tor n’avait pas volé à mon
secours …
A notre retour, Kua nous sert un délicieux repas :
chèvre (que Teiki a chassé la veille) au lait de coco avec bananes et fruit de
l’arbre à pain, accompagné d’un jus de goyave frais.
Nous partirons demain matin à l’aube pour Ua-Huka
ou nous espérons passer 3-4 jours avant de … descendre sur les Tuamotu !
Branches de palme pour la déco du loto du dimanche |
il y en a des plus malheureux ;-) |
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