Sunday, December 7, 2014

La Perle Noire

Les Perles Noires sont originaires des lagons de Polynésie Française.

Quand on parle de perle noire, on évoque les poe rava, d’un noir mordoré mélangé de verts dits « ailes de mouche ». Mais il existe aussi des perles plus claires, qui vont du blanc au gris à reflets métalliques. D’autres ont des reflets dorés, bruns, bleus, verts ou même violet aubergine !
 






Selon la légende polynésienne, l’arc en ciel est une passerelle éphémère reliant les Dieux à la Terre. Oro, Dieu de la paix et de la fertilité, para l’huitre perlière de toutes les nuances de l’arc-en-ciel. De ce don naquit une perle magnifique, expression du divin sur Terre, qu’il offrit aux femmes humaines qu’il convoitait.
L'huitre Pinctada Margaritifera, avec perle...
L’huître Pinctada Margaritifera, variété cumingi, fut très recherchée au 19ème siècle par l’industrie européenne du bouton. A cette époque, il fallait ouvrir plus de 15 000 huîtres perlières pour avoir la chance de trouver une perle fine. Ces joyaux rares n’’étaient alors l’apanage que des Pachas ou des Rois, elles furent ainsi qualifiées de « Perle des Reines » et de « Reine des Perles ».
                                                      
Les huîtres perlières ont commencé à se raréfier dans les sites où elles étaient le plus facilement accessibles. Pour récolter le précieux butin, il fallait prendre des risques : les plongeurs, dont le maillot était fait d’un pareu noué autour de la taille, étaient équipés de lunettes optiques à la monture métallique rudimentaire, et atteignaient en apnée des profondeurs de 20 à 30 m. pour avoir quelques chance se ramener les huîtres perlières. 
lunettes faite avec des os à moelle

Une fois le banc d’huître repéré, les plongeurs, lesté d’une grosse pierre attachée à une corde, effectuait des plongées répétées. La santé des plongeurs était souvent compromise par ce terrible labeur.
En 1960, les huîtres perlières ont presque totalement disparu de la Polynésie française. Le gouvernement Tahitien prend alors des mesures draconiennes pour arrêter le massacre et mettre sur pied une véritable politique de gestion du milieu marin : la perliculture est née.
 Les premiers essais de culture de Perles de Tahiti débutèrent en 1961 dans le lagon de Bora-Bora, lorsque la technique de greffe, importée du Japon, fut appliquée à l’espèce Pinctada Margaritifera. 

Greffeur de perle











En 1963, la récolte des premières perles ayant été concluante, plusieurs fermes perlières sont installées dans les îles de Manihi, Marutea et Mangareva dans l’archipel des Tuamotu-Gambier. Le processus d’élevage de l’huître perlière est long et nécessite beaucoup de soins et d’attention, car c’est une espèce délicate.
Ferme perlière à Fakarava
La reconnaissance officielle de l’authenticité de la couleur naturelle de la Perle de Culture de Tahiti en 1976 par le Gemological Institute of America et l’adoption de l’appellation commerciale « Perle de Culture de Tahiti » ont permis à ce joyau d’asseoir véritablement sa réputation internationale. La Perle de Culture de Tahiti, se distingue par une grande diversité de formes, tailles, qualités de surface et d’une palette infinie de nuances de couleurs naturelles , allant des couleurs pastel au noir anthracite.


Les Perles de Culture de Tahiti sont constituées de milliers de couches de nacre, composée de substances organiques et de carbonate de calcium sous forme d’aragonite.


 L’appellation  « Perle de Culture de Tahiti » est exclusivement réservée aux perles provenant d’une greffe de l’huître perlière Pinctada Margaritifera (variété cumingi), cultivée en Polynésie Française. La perle doit présenter une couche perlière suffisante et continue sur au moins 80% de la surface, et ne doit pas laisser apparaître le nucleus, même par transparence. Tout produit ne répondant pas à ces critères est considéré comme un rebut et est interdit à la vente.
Lors de la récolte, le perliculteur effectue un premier tri, en éliminant tous les rebuts, puis procède à une sélection de sa production, en fonction du diamètre, de la forme et de la qualité de surface des perles.

En moins de 30 ans, la perliculture est devenue la première industrie exportatrice du territoire.

Lors de la greffe, il arrive qu’un corps étranger s’installe dans l’huître. Cette matière organique fermente et dégage des gaz qui donnent leurs formes irrégulières aux perles baroques.

Petit lexique :

Kechis : petites perles, rejets de l’huître.
Lustre ou éclat : aptitude à refléter la lumière.
Orient ou eau : aptitude à diffracter la lumière en un halot lumineux. Les perles noires n’ont pas d’orient.
Peau : qualité de la surface
Pipi : petites perles jaunes
Rebuts : perles non commercialisables pour leur abondance de défauts.
Soufflures : perles baroques, déformées, à surface bosselée.





Visite d'une ferme perlière à Huahine













La Perle, la médecine antique et l’alchimie :

Du Mythe à la magie, la perle est une guérisseuse.

Ses vertus métaphysiques- énergie féminine de la création, principe de régénération cosmique et d’immortalité-sont associées, par analogie, à des vertus physiques. 
Ainsi la poudre de perle absorbée dans une potion est elle partout réputée, depuis la plus haute Antiquité, pour assurer la longévité, combattre le vieillissement, et bien sûr prisée comme aphrodisiaque.

C’est aussi un remède auquel médecins chinois, hindous et arabes sont attribués des propriétés spécifiques. Ils utilisèrent les perles pour soigner le foie, l’épilepsie et la mélancolie ; pour guérir les maladies des yeux et la phtisie ; et comme antidote contre les poisons.

Les alchimistes de l’Europe médiévale, renaissante et classique furent les héritiers de ce savoir.
Au confluent des sciences, de la psychologie et de la métaphysique, l’alchimie est une discipline traversée à la fois par les courants de pensée taoïste,  hellénistique, celte et chrétien. Elle véhicule ainsi un énorme savoir qui fusionne observation scientifique avec imaginaire symbolique ; qui dérive vers la pensée magique tout en ouvrant la voie des sciences exactes. Newton et C.G. Yung y puisèrent l’essentiel de leur inspiration.


L’Aqua perlata venue de la médecine asiatique fut étudiée par les alchimistes. Perçue comme un élixir de jouvence, l’Aqua perlata s’obtient en dissolvant des  perles dans du vinaigre ou du jus de citron.