Ernesto, aout 2012

Atelier flottant de Dominique

Ça y est! Nous venons d'expérimenter notre 1ère (et espérons dernière!) vraie alerte cyclonique!!!
En voici le résumé...disons : légèrement "romancé" haha
...
1.8.2012
 La dépression venant de l'Atlantique se transforme en tempête tropicale et est encore au sud de notre latitude.

 La logique veut que ces systèmes se déplacent toujours (sauf rare exception) Ouest-Nord-Ouest.

 Nous sommes à Union. Il est prudent de filer au plus vite plus au sud.

 Je suis pour naviguer directement jusqu'au sud de Grenada mais Tor veut s'arrêter à Carriacou

 où il y a un meilleur abris cyclonique (grande mangrove). 
A Carriacou, s'est un peu la débandade! Plus de 15 bateaux s'en vont : cap Sud de Grenada. 

On se doute que les "bons abris" seront déjà tous occupé. 

Nous décidons donc de rester à Tyrrel Bay et passons plus de 2h sous un soleil de plomb à mesurer

 la profondeur de la mangrove afin d'être sûr de pouvoir venir s'abriter en cas de nécéssité.

Union

2.8.2012

L'image satelite à 9.00h montre une progression W-NW et les résidents qui vivent sur leurs bateaux 

ne semble pas inquiets.

 Nous partons donc à vélo jusqu'à Hillsborough afin de faire les formalités douanières et quelques courses.
15.00h , retour sur Yum-Yum. Les bateaux qui étaient autour de nous sont déjà tous dans la mangrove!

 Nous apprenons que "Ernesto" file maintenant plein ouest, donc droit sur nous...

pris dans la vase...

En file indienne, on s'enfile dans la mangrove qui ressemble à une sorte de long étang mais

 soudain le moteur tribord se met à fumer, chauffer...puis s'arrête!!!

 Le bateau qui me précède se plante dans la vase! Grace aux mesures prises la veille nous savons exactement où

 nous diriger, nous doublons et passons "le virage critique" ( profond de seul. 1,40m) de justesse, à marée haute. 
 

Piloter un catamaran avec 2 moteurs est un jeu d'enfant... qui se transforme en un exercice

 très difficile avec 1 seul moteur!
Un vent de 15 kn nous pousse par derrière.

 Arrivé au fond de la mangrove nous parvenons tant bien que mal à faire demi tour et à se placer

 entre 2 bateaux face au vent afin de jeter l'ancre qui - croyons nous - se plante comme il faut.

 Mais nous observons les bateaux autour qui dérapent tous sur leur ancre!

 Je file sortir la 2ème ancre pendant que Tor met notre annexe à l'eau (à l'arrière du bateau).

 Soudain je l'entend crier et j'ai juste le temps de sauter "sur le moteur" pour éviter que l'homme ne 

se fasse écraser entre Yum-Yum et la mangrove!

 Voilà que le vent forcit et j'ai toute les peines du monde à tenir le bateau.

 Nos amis du bateau : Liberty viennent nous aider avec leur dinghy, ils essaient de me pousser à tribord 

pour compenser...mais le vent a trop d'emprise et me pousse en direction d'un autre bateau. 

Je repère, droit devant à 50m, un renfoncement de l'autre coté de la mangrove, j'accélère afin de

 reprendre le contrôle du bateau et vais enfiler la proue le plus possible à l'intérieur des palétuviers.

 Tor depuis  le dinghy attache une amarre à un tronc mais le temps qu'il revienne le vent a déjà

 tourné Yum-Yum et le bateau s'appuie de tout son poids contre les racines qui craquent de tous cotés. 
La nuit tombe, les moustiques attaquent...et des trombes d'eau nous tombent dessus.

Nous placons : 4 amarres à l'avant, 2 ancres en V à l'arrière ( 30m et 70m de chaîne!)

 et 1 amarre latérale.

 A 22.00h, trempé et couvert de boue mais content de se croire bien attaché, on se prend une bonne douche chaude. 
22.30h : le vent qui soufflait de l'Est passe subitement au Sud Ouest!

 On repars sous la pluie battante avec nos lampes frontales et toutes les "cordes" qu'il nous reste à bord 

dans l'annexe et ajoutons  4 amarres latérales ( 2 à babord, 2 à tribord). 
Tor est dans l'annexe occupé a replacer notre 2ème ancre quand je reçois un appel "au secours" par

 radio du bateau copain qui nous ont aidé quelques heures plus tôt.

 Ils dérapent sur leur ancre et leur dinghy est en panne!  Avec le vent qui siffle, Tor ne m'entend pas!!!

 Je gesticule comme un singe et fini par attirer son attention.

 Nous nous dépêchons d'aller aider nos amis qui ont leur bateau quasi couché dans la mangrove! 

Yum-Yum ensaucissone dans la mangrove

Retour à bord; le témoin de la pompe de cale est allumé.

 Tor trouve rapidement la cause de "l'innondation" du compartiment moteur.

 Il fixe le tuyau défectueux et réussi à improviser une pompe de secours. 

Nous pompons jusqu'à minuit et demi et sortons plus de 150l d'eau! 
Nuit courte où nous restons un peu sur le qui vive, la VHF (radio) et le témoin d'anémomètre sous l'oreiller.

3.8.2012
La tempête passe au Nord de notre position mais sa "queue" engendre de fortes pluies et une bonne

 houle - qui ne nous dérange pas étant dans la mangrove. 
Tor est un peu inquiet et ne dort pas beaucoup; quand à moi, un dernier coup d'oeil sur le fichier météo

 me rassure et je trouve "presque banal ;-) ha ha"  ...si je compare à l'image de la grosse dépression, en Méditerranée,

 que nous avions traversé - avec Jacky sur son Cygale,  de Calvi à Port Camargue où durant 18 heures l'anémomètre a

 fait le yoyo entre 42 et 47 noeuds!
Donc, bien fatiguée et rassurée je dors comme un loir.
details mangrove
 
Huitres de mangrove

 

4.8.2012  Nous allons observer avec le dinghy l'état de la mer à l'extérieur et nous "amusons"

 de voir tous les monocoques restés dans la 1ère partie de l'étang ( ils ne pouvaient pas aller plus loin

 à cause de la profondeur) posés sur le fond avec un air...bien penché!
Nous envisageons notre sortie pour 17.00h, heure de la marée haute.

 Aujourd'hui le coefficient est plus faible, nous espérons pouvoir passer!

calme avant la tempete ?

Tor passe plusieurs heures à détacher Yum-Yum tout en le tournant face au vent ( à la force du "Viking") ,

 puis..."grande stratégie";-) afin de remonter nos deux ancres.
Petite montée d'adréaline pour sortir de la mangrove puis bien content de retrouver la pleine mer! 
Le lendemain matin, retour au paradis avec un petit déj bien mérité;-))