Monday, July 6, 2015

Marche sur le feu


Marche sur le feu traditionnelle, Umu iti
         
On sent une forte chaleur sous les pieds, mais ça ne brûle pas. 
Expérience troublante !  

Après plusieurs mois dans les Tuamotu, nous voici de retour à Tahiti. 1er Juillet 2015, pleine lune, la cérémonie du feu aura lieu ce soir. Nous n'allons pas manquer ça!

(désolée pour la qualité des photos !)
Site de la cérémonie de la marche sur le feu, Tahiti.

Préparation du four





Danse incantatoire



Disciples traversant la fournaise

Valentine la sardine après avoir traversé la fournaise

Incantations des Tahu'a

le grand prêtre, Raymond Teeriierooiterai Graffe
        
La marche sur le feu est une tradition en Polynésie qui remonte à la nuit des temps. Celle-ci avait une fonction et un intérêt bien particuliers dont le point de départ est le umu ti qui consiste à cuire dans un four traditionnel des ti ,racines de auti (Cordyline fructicosa), pour se prémunir de la saison sèche, matari î i raro, qui dure de mai à novembre. Ainsi cuits, les tubercules de ti pouvaient être conservées pendant de long mois, permettant à la population de faire face à la disette.
Dans certaines îles polynésiennes, une marche sur le feu précédait la cuisson des ti. Elle servait à vérifier la présence des dieux, qui avaient la réputation de se retirer pendant le matari’i i raro. Si les tahu’a (prêtre) parvenaient à marcher sur les pierres de lave chauffées à blanc sans se brûler, cela signifiait qu’ils avaient toujours le mana (le pouvoir) nécessaire à la réussite de la cuisson des ti. .

Avant chaque préparation du four, je jeûne durant la semaine qui précède, précise le grand prêtre, Raymond Teeriierooiterai Graffe. Je me retire dans la montagne pour cueillir les auti sacré et communier avec les dieux ». Ce rituel est, selon lui, indispensable au bon fonctionnement de la marche sur le feu. Le choix de la date de la marche sur le feu est dicté par le calendrier lunaire polynésien, certaines nuits étant bénéfiques et d’autres maléfiques.

La fosse du four, d’environ 8 m sur 2,50 m de large et 0,50 m de profondeur, est remplie de bois de ati (Tamanu)qui a la particularité de dégager une grande chaleur et de se consumer très lentement, puis les braises incandescentes sont recouvertes de pierres volcaniques. Le jour convenu, le four est allumé à 6h00 du matin pour que les pierres soient à bonne température à 18h00. A ce moment, la température au fond du four avoisine les 4500° mais baisse à 1300° sous la dernière pierre. Sur la dalle de marche, la température varie de 640° à 1200°.
La cérémonie débute avec des danses incantatoires, puis le grand prêtre entre en scène en « balayant  » les pierres avec des feuilles de auti sacré. Ensuite, les disciples sont invités à traverser la fournaise et à se purifier ainsi le corps et l’esprit.
Le feu est un élément destructeur et de transformation qui a des bienfaits sur l’homme, explique Raymond Teeriierooiterai Graffe. L’énergie acquise durant ce cheminement sur les braises se transmet dans notre vie quotidienne et dans notre environnement.
Cette expérience ne comporte en principe aucun risque, à condition de respecter quelques règles : il ne faut pas avoir bu d’alcool depuis la veille, les femmes qui ont leurs règles peuvent assister à la cérémonie mais ne doivent pas traverser te four, et il ne faut pas parler ni se retourner une fois que l’on a commencé à marcher sur la fournaise.
La marche sur le feu est la seule forme de culture polynésienne qui n’a jamais été dénaturée par l’occident.


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